
Trois ans après avoir hissé ses premières turbovoiles, le Marfret Niolon franchit une nouvelle étape : en février dernier à Anvers, il a été équipé des VentoFoils®, la nouvelle génération d’ailes rigides. Plus larges, plus robustes, elles permettent une réduction accrue des émissions. Une innovation fruit d’un partenariat entre Marfret, Econowind, la société de routage Syrocco et le navigateur de courses au large Xavier Macaire. Une alliance gagnante !
Le partenariat win win entre Marfret et la société néerlandaise Econowind sur le recours à la propulsion vélique connaît de nouveaux développements : le Marfret Niolon employé sur la ligne multipurpose « MPP» entre le nord Europe, la Guyane et les Antilles, joue le rôle de laboratoire flottant. Exposé aux alizés et aux vents d’est, il offre des conditions idéales pour tester en réel le système d’assistance propulsive à la voile.
En février dernier, Marfret a remplacé les premières Ventifoils® par les nouvelles voiles rigides VentoFoils®, « Nous franchissons une nouvelle étape, avec des performances en nette hausse, puisque les plages d’utilisation sont plus importantes, les nouvelles ailes supportent mieux la poussée du vent de 22 nœuds à 30 nœuds désormais.», souligne Guillaume Vidil, directeur général de Marfret. Ces nouvelles voiles rigides marquent une avancée décisive en matière de performance énergétique. Grâce à leur design repensé et épuré, les VentoFoils® permettent d’afficher +10 % de puissance de traction par rapport à la version précédente, une réduction significative de la consommation de carburant et une maintenance simplifiée avec moins de pièces. Ces voiles en aluminium à l’aérodynamisme optimisé, intégrées dans des conteneurs standards de 40 pieds, peuvent être déployées et repliées facilement, avec un minimum d’impact opérationnel. Désormais, une seule turbo voile, plus puissante et solide, est logée dans un conteneur au lieu de deux dans la précédente version. Installées à bâbord, à l’avant et au centre du navire, elles n’ont aucun impact sur les opérations commerciales de manutention en pontée.
La propulsion vélique, levier de décarbonation crédible
Leur positionnement a été scrupuleusement étudié et analysé par le navigateur Xavier Macaire, vainqueur de la Niji40 et expert reconnu des optimisations aérodynamiques.
« L’expertise de Xavier nous permet d’aller chercher les derniers pourcentages de gain, d’adapter les trajectoires et de mieux comprendre la réponse dynamique des voiles selon la charge, la houle ou la météo », explique Guillaume Vidil. Xavier Macaire a pu travailler en collaboration avec Syroco, société de routage fondée par Alex Caizergues, recordman du monde de kitesurf qui a conçu un jumeau numérique du Marfret Niolon, puis modélisé les nouvelles ailes afin d’en maximiser le rendement énergétique. Autre atout majeur, Syroco adresse durant la navigation une notification à la passerelle pour indiquer le moment opportun de déployer les VentoFoils®tout en assurant un routing optimisé pour tenir compte des vents dominants permettant d’affaler le plus souvent possible les turbovoiles.
Ce dialogue entre marin et armateur illustre le rapprochement entre les innovations issues de la course au large et le transport maritime, deux mondes désormais unis par les mêmes objectifs : sobriété, fiabilité, intelligence des trajectoires. À l’image d’Yves Parlier (Beyond the Sea), Michel Desjoyeaux (Wisamo) ou François Gabart (Mer & Concept), les skippers deviennent aujourd’hui les architectes de la voile industrielle. Des voiles sur un navire de commerce, le sujet qui prêtait à sourire il y a quelques années est désormais pris très au sérieux. A la clé, la réduction de la consommation de carburant, des émissions de gaz à effet de serre et des économies. « Le vent est une énergie gratuite, propre, inépuisable. Le retour de la voile en marine marchande n’est pas un clin d’œil au passé, mais un levier stratégique pour l’avenir », conclut Guillaume Vidil.