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Marfret, fidèle à la desserte directe de la Guyane

Au moment où la réglementation maritime internationale s’apprête à franchir un nouveau cap avec l’entrée en vigueur de normes carbone renforcées en 2028, Marfret réaffirme son engagement auprès de la Guyane française. Maintenir une ligne directe depuis l’Europe, sans transbordement, reste plus que jamais stratégique pour l’approvisionnement du territoire.

Quarante-cinq ans après le lancement de sa ligne maritime régulière conteneurisée entre l’Europe, la Guyane française et le nord du Brésil, Marfret réaffirme son attachement à la desserte directe de ce territoire. La compagnie maintient son cap malgré les évolutions des normes environnementales à venir. C’est le message délivré par la direction de Marfret qui s’est rendue en Guyane, du 9 au 17 avril, pour rencontrer l’ensemble des acteurs locaux : transitaires, importateurs, distributeurs, représentants de l’autorité portuaire et de l’administration. Objectif : échanger sur les enjeux de maintien d’un service maritime direct entre l’Europe et la Guyane. Quelques jours auparavant, Xavier Rose, directeur de Marfret en Guyane, avait convié ses clients à bord du Douce France pour une rencontre sur les contraintes qui pèsent sur le transport maritime international.

Les préoccupations des clients guyanais sont réelles et légitimes. L’évolution de la réglementation, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, pourrait rebattre les cartes de la desserte maritime actuelle. « Aujourd’hui, les clients ne cachent pas leur inquiétude quant à la nécessité de maintenir leurs approvisionnements de manière fiable et sans rupture de charge », souligne Olivier Lecroq, responsable commercial des lignes Antilles–Guyane, de retour de mission avec Véronique Passarelli, directrice d’exploitation.

La ligne opérée par Marfret relie chaque semaine l’Europe à la Guyane et au nord Brésil, sans transbordement, avec une rotation fixe de 49 jours. Le service dessert les ports de Vigo, Londres, Rotterdam, Le Havre, Phillipsburg, Port of Spain, Dégrad-des-Cannes, Vila do Conde et Fortaleza, avant de revenir en Europe.

Depuis 6 mois, en raison de multiples problèmes opérationnels, la Guyane a été partiellement desservie via un transbordement à Port of Spain. Ce modèle s’est révélé peu satisfaisant, générant retards, surcoûts logistiques, incertitude sur les délais de livraison et rupture d’approvisionnement.

Malgré les efforts de modernisation des ports caribéens, un service en transbordement resterait, selon Marfret, risqué. « La feederisation présente toujours les mêmes risques », déclarait, le 4 mars dernier, Guillaume Vidil, directeur général, lors de son audition au Sénat dans le cadre des travaux sur la vie chère dans les outre-mer. Le maintien d’une ligne directe reste essentiel notamment pour garantir la continuité logistique du territoire et soutenir le Centre Spatial Guyanais.  Du côté du Brésil, également desservi par cette ligne, les exportateurs brésiliens dans le secteur des fruits frais, redoutent aux aussi les effets de la rupture de charge qui représente un risque majeur en termes de délais pour des marchandises sensibles.

Évolution de l’Indicateur d’Intensité Carbone en 2028

Les conditions réglementaires actuelles permettent le maintien de la desserte directe.

Officiellement en vigueur depuis 2023, le champ d’application de l’Indicateur d’Intensité Carbone (CII) qui a déjà fait l’objet de plusieurs révisions ne sera pas finalisé par l’OMI avant 2028. Actuellement sans distinction entre types de navires ou contextes géographiques, cet indicateur pénalise les navires de taille moyenne opérant sur des routes longues et dans des ports aux caractéristiques techniques contraignantes.

« Seuls des porte-conteneurs Guyamax de 2 200 EVP et de 6,5 m de tirant d’eau peuvent faire escale à Dégrad-des-Cannes », rappelle Marfret. Cette contrainte interdit le recours à des navires de plus grande capacité, qui permettrait de diminuer les émissions par conteneur transporté. Dès lors, les opérateurs ne peuvent pas bénéficier des effets d’échelle pour améliorer leur score carbone.

Face à cette impasse, une solution pourrait être de massifier le transport en créant des hubs régionaux alimentés par des services feeders. Si cette stratégie permet d’optimiser localement le CII, elle peut fragiliser les territoires desservis, engendrant des coûts de manutention accrus, des délais allongés, et paradoxalement une hausse globale des émissions en raison de la multiplication des navires sur les lignes secondaires et des transbordements.

Les discussions autour du CII devraient intégrer des critères correcteurs : taille du navire, distance parcourue, contraintes portuaires ou encore volume de fret disponible. L’enjeu est d’assurer un équilibre entre ambition climatique et viabilité économique, sans exclure les lignes de niche opérées vers les outre-mer.

Sur le plan économique, la Guyane affiche en 2025 des signaux encourageants. Après une contraction de 3 % en 2023, due au ralentissement de l’activité spatiale et des exportations, l’emploi salarié a progressé de 2 % en 2024. La Collectivité Territoriale de Guyane a engagé un plan d’investissement ambitieux de 295 millions d’euros, avec des projets structurants tels que le doublement du pont du Larivot, la centrale biomasse du Larivot et la future cité judiciaire de Saint-Laurent du Maroni. Dans ce contexte de relance et de croissance démographique, la stabilité logistique des flux est un enjeu majeur. Marfret entend rester un acteur clé de cette continuité, en maintenant une ligne directe adaptée aux besoins spécifiques de ce territoire.

Par ailleurs, les perspectives de développement régional s’élargissent avec la montée en puissance du secteur pétrolier et gazier au Suriname voisin. Cette dynamique ouvre la voie à des échanges intra-zone renforcés et à un potentiel de sourcing régional accru, en particulier pour les matériaux, les biens de consommation et les services logistiques associés. Une intégration économique plus poussée dans l’arc nord-amazonien pourrait ainsi contribuer à consolider les chaînes d’approvisionnement tout en diversifiant les flux.