La création de l’établissement portuaire unique HAROPA est la bonne réponse retenue par les pouvoirs publics au fait que les infrastructures du Havre, de Rouen et de Paris doivent être employées de façon coordonnée pour optimiser le service rendu aux chargeurs et aux armateurs. Elle doit aussi permettre de dépasser les rivalités historiques entre Rouen et Le Havre.
Ces dernières semaines, le port de Rouen a apporté une nouvelle fois la preuve de sa capacité à traiter efficacement les escales de navires océaniques pour répondre au pied levé à la saturation des terminaux havrais. La crise sanitaire et le blocage du canal de Suez ayant bouleversé les rotations des navires, les escales à jours fixes et les fenêtres s’en sont trouvée chamboulées. Cette désorganisation a conduit en mars dernier la ligne Guyane, opérée conjointement par Marfret et CMA-CGM, à basculer temporairement à Rouen. Le manutentionnaire Somap, filiale de Marfret, a reçu les porte-conteneurs Douce France, propriété de Marfret, et deux autres navires de la ligne sans avoir à rougir des cadences. Bien au contraire, la productivité était au rendez-vous.
Un juste équilibre doit être trouvé au sein d’Haropa. La complémentarité interportuaire sur l’axe Seine doit miser également sur les modes de transport massifiés afin de fluidifier le transit des marchandises entre les trois ports. La polyvalence du port de Rouen, sa capacité à traiter efficacement les navires et sa position géographique, en connexion avec le fleuve, devraient être mieux valorisées à la fois par les armements et les ports complémentaires. Les trois places doivent manœuvrer ensemble et bénéficier de zones franches pour attirer les flux. Cela doit intégrer un allègement de la fiscalité foncière qui empêche aujourd’hui le développement d’une véritable filière logistique à Rouen.
« Nous devons jouer collectif. Nous avons réellement une carte à jouer dans un contexte d’explosion des flux en provenance d’Asie concentrés au Havre, en accueillant les lignes Nord Sud », souligne Guillaume Vidil. Le directeur général de Marfret s’inquiète des conséquences induites par la « démaritimisation » des activités rouennaises. Une analyse partagée par l’Institut Montaigne qui, dans une note stratégique, pointe les déséquilibres et les difficultés du Havre face aux concurrents du range Nord.
Fluviofeeder relie directement Port 2000 et le terminal de Rouen deux fois par semaine avec le Lydia. Un service qui sera complété fin avril par l’entrée en flotte de Marfret Seine, péniche de 80 Evp, qui au démarrage reliera une fois par semaine Rouen au quai de l’Atlantique et à Gennevilliers. Marfret relie enfin Nogent-sur Seine et Rouen, avec le Marfret La Lys.