La désorganisation mondiale de la chaîne d’approvisionnement, provoquée par la pandémie, a plongé l’industrie maritime dans une séquence inédite qui va bien au-delà des cycles économiques caractéristiques du secteur.
La congestion des ports mondiaux, historique par son ampleur et sa couverture géographique, induit de nouveaux comportements de chaque maillon de la chaîne du transport. Le marché erratique combiné au jeu de l’offre et de la demande entraînent une pénurie de navires avec un effet domino qui fait les beaux jours des propriétaires non exploitants. Le prix des loyers ne cesse de flamber au point d’atteindre des taux journaliers historiques à 200 000 dollars.
Cette hausse vertigineuse induit un nombre record de transactions et des comportements menaçant l’équilibre entre affrètement et propriété. Pour se mettre à l’abri des cycles, Marfret a toujours su trouver le savant dosage entre les deux.
Aujourd’hui, la tentation est grande de céder aux sirènes du plus offrant, soit en augmentant de façon délirante les taux, soit en vendant les navires à des prix indécents. Aux oubliettes la parole donnée dans le shipping, scellée par une franche poignée de main !
La ligne MedCar de Marfret a été exposée à cette mésaventure, un armateur n’ayant pas hésité à payer le prix fort pour acheter le Skiathos que nous affrétions depuis deux ans sur la ligne. Afin de sécuriser nos capacités sur ce trade, nous avons immédiatement réagi en affrétant le Konrad.
Saisissant l’enjeu des équilibres, Marfret a entrepris une intensification de sa stratégie armatoriale. Nous avons ainsi, juste avant la flambée des prix des navires, fait l’acquisition du porte-conteneurs Marius (ex Nordmaple), opéré sur notre ligne NASP, portant notre flotte à huit unités en propriété.
Aujourd’hui, quasiment toutes les lignes du groupe sont opérées en propriété. A la fin de cette année, Medcar ne fera plus exception avec la sortie du Konrad et son remplacement par le Durande qui réintègrera la ligne dix ans pile après l’avoir quitté. Un nouvel horizon se dégage à la faveur d’un marché soutenu au moins jusqu’en 2023. Le temps de l’armateur est venu pour Marfret, gage de nouvelles opportunités de développement des marchés, d’ouvertures de lignes.
Guillaume VIDIL